Notre Dame par J.YARD


Cette petite paroisse que les Maîtres du XIIe siècle ont dotée d'une des plus belles réussites rurales de l'art roman est devenue subitement célèbre du fait des opérations (plus laborieuses qu'ailleurs) qui y caractérisèrent le débarquement de 1944: l'église de Colleville atrocement mutilée par la bataille, a été restaurée à l'identique avec un art consommé et, actuellement, comme depuis de très longues années elle reste l'un des plus beaux sanctuaires que la piété française et normande ait élevés en l’honneur de l'Assomption de Notre-Dame.

La tour qui sert de porche à l'Ouest, comporte au-dessus de la voussure d'entrée l'ascension exceptionnelle de cinq étages: ce sont d'abord deux austères arcatures puis une jolie galerie de cintres, a partir de cette hauteur, deux élégantes colonnes encadrent le corps carré: elles se prolongent jusqu'à la corniche de modillons ,qui couronne le déroulement des oculus de la partie supérieure, Le frontispice de ce bulletin montre comment les artistes ont su varier l'interprétation des fenêtres qui éclairent les étages intermédiaires, une pyramide quadrangulaire présente des lucarnes avec des animaux allongés. Dans les chapiteaux du clocher, de petites têtes humaines constituent et achèvent les crosses végétales et se glissent entre elles, une jolie tourelle ronde abrite l'escalier, notons la présence d'un cadran solaire.

La muraille sud de la nef est, elle aussi, garnie d'une rangée de modillons : par exemple une tête aux joues gonflées, un visage à oreilles de chat tenant une sorte de fromage. La deuxième travée a été percée d'une porte entourée d'un somptueux encadrement selon les formules romanes. Un tympan la domine: on y voit deux étranges oiseaux à têtes de dragon qui semblent dévorer une bandelette compliquée et ornée de perles. Leurs queues s'enroulent et s'épanouissent en une décoration feuillue.

Une autre porte (plus belle peut-être, parce que plus simple, mais bien détériorée) s'ouvre dans le chœur du même côté: deux arcatures s'y abritent sous une grande archivolte à lignes géométriques. Dans le même mur, on a creusé des fenêtres de style gothique avec esquisse flamboyante.

Avant d'entrer dans l'église on admirera 1'harmonieuse descente des deux vallons qui se réunissent au bord de la mer. II y eut autrefois un bas-côté au nord de la nef: il en reste une rangée de belles Colonnes) monocylindriques dont les chapiteaux disparaissent à moitié dans la maçonnerie: deux d'entre eux sont tapissés de feuilles plates, un troisième présente des chouettes dont le corps prend peu à peu une forme végétale. Un autre veut, peut-être, rappeler la légende des Évêques terrassant les dragons : de fait on y voit un personnage au visage calme s'imposant à deux monstres et les dominant; son pied droit est tout de même mordu par une petite gueule provenant d'un décor entrelacer. Le dragon de gauche remarquablement sculpté présente un visage humain.

En arrière du maître-autel trois ouvertures de style roman ont été aveuglées par la sacristie: celle-ci s'ouvre sur le cimetière par une porte où se trouve un tympan assez réussi, mais dont la présence a cet endroit laisse rêveur; il s'agit d'une sorte de monstre à queue de poisson tenant dans chaque main un cep de vigne.

Une chapelle latérale a été construite au bout du bas-côté supprime sa voûte de bois laisse voir les modillons qui, autrefois étaient à l'extérieur du chœur : elle abrite un bel autel de style classique: on y voie un calice entouré d'épis de blé et de grappes de raisin; au-dessus d 'un très beau tabernacle de style classique, une Vierge présente l'Enfant , jésus qui est debout les bras en croix.

Les fonts baptismaux édifiés sur un plan octogonal au bas de la nef peuvent être fort anciens : on a même pensé qu ils remontaient, comme la chapelle latérale, à l'extrême fin du XIII' siècle.

J. YARD.
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